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Rino Noviello
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Virginie
Borsani
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Lumière flamboyante d’étincelles colorées,
elle
varie selon leur caractère et leur
tempérament. S’associant au voisinage
ou en désaccord volontaire. Chaque
couleur préserve sa propre existence,
dans l’intention d’émerger une teinte
éclatante, contraste latent. Défier
les couleurs, atténuer leur côté
séduisant pour qu’elles deviennent
provocantes tout en conservant leur
optimisme. Lorsque je peins une
toile, j’ai envie de préserver chaque
coups de pinceaux présents sur la
surface, les touches se superposent,
s’enchevêtrent, se croisent et se
repoussent. Seules elles étaient
trop faibles, insuffisantes, elles
se sont multipliées. Ensuite, elles
avaient certes une qualité mais
elles asphyxiaient le regard. En
grande partie elles sont recouvertes,
parfois sans émotion, parfois avec
regret, elles restent présentes
dans mes souvenirs. Les repentirs
sont la première couche de strates
colorées. La dernière couche de
couleur n’est pas unique, elle est
l’ultime solution d’une série désapprouvée,
de l’essence à la naissance, long
chemin parcouru par des traces.
De ces traces naissent des formes
mais la couleur est l’interrogation
essentielle du discours, d’où vient-elle
?
Le 19-06-2005 Virginie Borsani.
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Sophie
Cauvin
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La
passeuse de mondes.
Ressourcer la peinture
en convoquant des matières auxquelles l’on redonne vie, revisiter
les formes géométriques primordiales afin de mettre à jour les invariants
du temps, redistribuer le partage de l’écriture et du figural :
en ce triple geste, Sophie Cauvin assied la singularité de sa démarche.
Véronique
Bergen.
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Olivier
Damien
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« Fragments de bois
peints agencés, papier de soie collés et brûlés au décapeur thermique,
morceaux de carton peints déchirés, alignements de baguettes de
balsa, traits de colle colorés, acryliques et huiles projetés ou
placés délicatement pour créer une intensité harmonieuse qui capte
la musique intérieure d’un instant… »
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Denis
De Mot

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Sur un panneau de PVC,
neutre et sans vie, je pose des formes, des lignes, des couches,
des événements, qui, étape après étape, pose après pose, grattage
après grattage, s’accumulent, se recouvrent et se découvrent, se
perdent et se retrouvent, tissent peu à peu un récit, dressent un
portrait, certes abstrait, prêt à laisser lentement dévoiler sa
complexité.
Le temps tisse sur les
choses et les gens une multitude de couches. Je fabrique ce temps,
puis je le démonte. Et ce temps, en se démontant, souvent me surprend,
parfois m’enchante.
Le temps est mat, un
agrégat de couches et d’accidents mats. Mémoire et transparence
ne font pas bon ménage.
J’ai un faible pour la
lenteur, en peinture, comme en toute chose. Le temps n’a jamais
assez de lui-même et me le rappelle durement quand je m’impatiente.
Cacher pour mieux dévoiler.
Voiler pour mieux dire. C’est ma règle. Aussi mes toiles tournent-elles
le dos aux gens pressés.
Je suis, me dit un ami,
un observateur de l’inachevé…
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Pacale
De Visscher

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PEINTURES - archéologies première RÉMANENCE(S) [Remanãs]. n. f.
Persistance partielle d'un phénomène ou d'une image après disparition de sa cause ; persistance partielle de l'aimantation après retrait de l'influence magnétique, dit aussi le Robert. Cependant, il n'y a pas que les Pôles pour induire cet étonnant phénomène. Le passé fut-il lointain, aussi lointain que la première mitose, a déposé en nos mémoires cellulaires l' ombre de ce qu'elle a produit : balbutiements de végétaux, préludes d'animaux, photogrammes de nos débuts et, aujourd'hui, images hésitantes, états multiples de causes insaisissables puisque depuis longtemps anéanties ou irréversiblement transformées. Floues, mouvantes, incertaines, ces images pénètrent parfois le geste, affleurant alors dans le néant du papier soudain complice et donnant à voir rien plus qu'un doute, cet entre-deux des choses et des êtres. Un léger vertige s'en suit : celui qu'impose un très vague souvenir qui déjà s'enfuit.
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Françoise Dutrieux

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. . . . La construction graphique, à la fois ferme et sinueuse, nous permet de découvrir un tempérament généreux et pudique. L’œil autant que l’intelligence du spectateur sont mis ici à contribution, avec quelle acuité et quelle saveur d’intelligence pour l’amateur de voyages aux pays de l’imaginaire.
L’œuvre est structurée et lyrique dans le même élan.
Alain Viray
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Nadine Fiévet
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LA MEILLEURE PART DES ETRES par Jean-Paul Gavard-Perret
Nadine Fiévet, "Champ libre à une peinture fraîche", Galerie du Drapeau Blanc, La Louvière (Belgique), 4 septembre - 11 octobre 2008.
Pour Nadine Fiévet tout réside dans ce qui est à voir du monde jusque dans ses espaces les plus reculés loin de notre vieille Europe. Mais faut-il encore en percevoir la vibration en un travail subtil de la matière et des pigments afin que la peinture par ses jetées vibre et donne la marque stratifiée de la trace énigmatique de l’homme aussi archaïque que contemporain face au cosmos et loin de tout exotisme.
L'artiste belge donne sans cesse à voir la joie et l’ivresse par ses projections de couleurs. Chaque toile à la fois joue sur l'effet de plan et sa profondeur en un étrange vocabulaire de signes chromatiques et de traces archaïques à travers des techniques exigeantes qui deviennent une pensée faite forme et qui décale notre approche.
L’artiste nous embarque contre le chaos vers la sérénité mais sans retenue et à travers une forme de lyrisme qui se déploie jusqu’à ce que nous éprouvions sa vibration au sein même de la matière peinture qui prend sa source aux fondements des arts picturaux de l’occident mais aussi de l’orient.
Nadine Fiévet rencontre certaines problématiques passionnantes (mais souvent escamotées) de l’art contemporain : entre autres le rapport “ physique ” au temps dans une œuvre picturale. Elle apporte aussi sa contribution non négligeable à une conception plus large et plus complexe de la dialectique entre l’infiniment grand et l’infiniment petit, ainsi que celle plus vaste encore entre l’imaginaire et le réel. Mais ce qu’on retient surtout reste la question de la peinture par elle-même, la question de son langage propre. L’artiste crée sans cesse des passages “ immémoriaux ” afin d’approfondir la relation de la couleur avec la matière symbole du rapport de l'être au monde.
L'artiste wallonne sait que si la toile est la prison du peintre c’est tout autant son lieu de liberté. Dans ses toiles les pigments décident du ciel contre l'anéantissement du monde pour sa résurrection. Surgissent dès lors ce qui demeure rare dans l'art du temps : l'invasion de l'espoir et celui et de la beauté jugée si souvent barbare. Non seulement par son travail depuis près de quarante ans elle précise ce qu'on entend par moyens plastiques mais de plus elle ose de mystérieuses poussées vers l'image lorsqu’elle ne représente pas qu’un reflet, et un succédané mais un moyen de faire surgir une autre vision. C’est toujours ce qu'on attend de cette très vieille chose qu'est l’art.
Jean-Paul Gavard-Perret
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Chantal
Frère
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Le non-figuratif et le thème de l’intemporalité me tiennent de plus en plus à cœur.
Je m’attache à faire émerger, sur la toile, ce que j’appelle des « objets picturaux ».
Ils se composent de formes, espaces et lumières qui surgissent dans l’accumulation chaotique et griffées de la matière.
Ils se dévoilent… sans nom…comme en suspension et figé dans la vitesse.
Ils suscitent une sensation indicible, et nourrissent cette part de moi qui aspire à l’essentiel avant tout chose.
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Annette Jaumotte
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Je ne connais pas de meilleure définition du mot art que celle ci : « l’art, c’est l’homme ajouté à la nature », la nature, la réalité, la vérité, mais avec une signification, une conception, avec un caractère, que l’artiste fait ressortir et auxquels, il donne l’expression, « qu’il dégage », qu’il démêle, affranchit, enlumine. » Van Gogh, lettres de Vincent à son frère Théo. 1937.
Le monde est un rêve. Je l’écoute quand je suis dans la nature, je deviens, l’eau qui ruisselle, l’arbre , le chant de l’oiseau, celui du vent, le champignon qui pousse en une nuit, les fées pourquoi pas… je deviens le chemin.
Ensuite, dans mon atelier la nature continue à jouer, à se déverser, à chanter. Je laisse monter la couleur, la matière, les formes peut-être. … peut être pas.
Sur cette route parallèle, je me permets d’aborder la peinture, sans recherche d’aboutissement, sans trop de questions et encore moins de réponses, confiante que ce qui veut se dire se dit, je me laisse être l’outil de ce qui se joue en moi et à travers moi.
Pas toujours aussi simple,… parfois, le paysage s’impose dans une strucuture, une image définie. J’accueille. Je suis à l’extérieur et je le vois.
Parfois la nature semble se « téléporter » dans mes pinceaux, j’accueille. Je suis à l’intérieur et je le se sens.
L’impermanence et le mouvement incessant les relient ces instants, ou pas…
J’ai fait le choix de voguer dans ce thème sans limites…en toute humilité.
A. Jaumotte 2013
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Jean-Paul Laixhay
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A pleine pâture, la peinture, à pleine forêt, à pleine Ardenne, avec des verts giboyeux et superbes… Verdeur de l’air estompe et sentiers et clairières. Et les verts sous-bois donnent à tout le paysage de noires ombres parfois lugubres. Et Laixhay s’y peindrait-il lui-même noyé dans les épais feuillages en ce vaste paysage que le terre arrondit ? Et l’on admirera ces « bois sans nombre » troués de clartés éparses. La réelle épaisseur de la vie, à flux de couleurs vives, frémit sans cesse. Jacques Izoard, février 2006
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Josée Leybaert

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JOSEE LEYBAERT. LES METAMORPHOSES DU PAYSAGE
Trames serrées qui tissent la surface ou touches colorées éclatées au pourtour des enclaves blanches, Josée Leybaert choisit le côté de la lumière. Non pas la lumière aveuglante et dure, mais bien plutôt la lumière tendre du jour naissant, de la brume sereine. Ses œuvres canalisent une discrétion feutrée. Et la décantation du jaune pâle, du bleu discret, des vibrations solaires nous offre une atmosphère apaisée où l’obscurité fuit. Les « paysages » de Josée Leybaert captent le rayonnement de la nature. Ils affirment doucement, profondément, toutes les nuances de la clarté et nous convient à une fête souveraine. Chez Josée Leybaert, les cadences tragiques s’estompent, loin cependant de toute mièvrerie. Cette artiste nous délègue sa ferveur propre qui se profile dans une respiration pleine, dense. Il est souvent difficile d’exprimer la joie. Josée Leybaert y parvient sans fracas, sans démonstration forte. C’est une pleine musique de vie qui s’affirme devant nous. Et le Rythme de la touche, la conjonction des couleurs se marient d’une façon souveraine. Les toiles de Josée Leybaert nous offrent une sorte de clavecin bien tempéré et c’est tant mieux.
14-06-2007, Jo Dustin
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André Navez

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Lorsqu’on pénètre dans l’univers d’André Navez, on se tait, on regarde, et alors on est surpris de se sentir bien, serein, rassure, apaise. L’artiste va à l’essentiel, chez lui pas de propos tapageurs. Avec beaucoup de sobriété, il nous entraîne dans le monde du non-intentionnel, du non-dit, du non-imposé. « A chacun de lire entre les lignes ». Cela exige de notre part, nous spectateurs, un effort d’intériorité. On sent dans le travail de l’artiste une quête de la Présence, de l’Altérité, de l’Autre. A travers le jeu plastique des matières, qui jouent avec les contrastes : l’ombre et la lumière, le lisse et le rugueux, le plein et le creux, la ligne et l’aplat, on perçoit intuitivement, que tout est complémentaire...
Françoise DANEL
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Genevieve Nicolas

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Peindre
C’est exprimer mon rapport intime à la nuit Ce quelque chose qui veut parler, quelque chose de moi que j’ignore Mais qui veut se dire, s’extraire, se donner à voir Oser regarder, oser entrer dans le mystère de l’Ombre S’en approcher, le scruter, l’apprivoiser peut-être Plongée, failles, trous noirs Alors émergent par strates, sédiments de mémoires, lambeaux de rêve, opium Et quelquefois aussi, oui quelquefois, surgissent des fragments de lumière
Peindre C’est partir De l’espace clos, capsulaire, sortir de soi Hors limites de la figuration, hors limites du moi En quête de plus grand que soi Au-delà d’un langage sémantique ne subsistent que traces, restes de pigment Trou noir de la mémoire, reflets, lambeaux de souvenirs Des flaques de lumière ne révèlent qu’accidents, moments hasardeux La tête se vide délaissant réflexions, cogitations Pour une autre errance, plus intuitive, plus ouverte, cosmique Mouvement sur soi, hors de soi Quête de l’autreté, de l’étranger Quête de l’âme immense qui est mienne, et aussi celle du monde Quête lancinante du Sacré
Peindre
C’est encore revenir à cet espace sauvage, sombre, déraisonnable Surface poreuse qui absorbe les violences Engloutit les désespérances d’un monde qui va mal Energie brute des rues d’où je tente de faire sourdre d’improbables lumières Espoir d’une création nouvelle, d’un ordre différent
G.N.
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